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EnigmAttic



EnigmAttic posted @ 2013-11-12 3:20 AM

Link to original post : 22e Championnats du Monde de Jeux de Logique - Partie 2




 Deuxième journée d'épreuves WPC, quatrième journée de compétition. Grippe, courbatures, fatigue... certes, mais 7 épreuves devaient encore se succéder sous la pointe de mon crayon, et elles n'étaient pas celles que j'attendais le moins impatiemment. Si rien de primordial n'allait se jouer pour moi au classement, il n'en était pas de même sur le plan du plaisir ; ce jour était le dernier qui me permettrait de profiter de cet événement unique que sont les championnats du monde, et je n'allais pas le laisser s'évanouir sans en avoir goûté l'essence.





Jeudi 17 octobre - deuxième jour de compétition WPC
Sept épreuves, aussi diversifiées que possible. Du long, du court, du noir et blanc et de la couleur... de l'individuel, du par équipes, et du mixte. Du bon à prendre partout en tout cas, et je ne m'en privai pas.

Épreuve 8 : Black and White Matrix (60')
Ce deuxième jour, je le disais, promettait de la variété. La matinée n'allait pas nous épargner avec une première épreuve de 60 minutes suivie d'une de 90 ; l'épreuve 8 s'annonçant plus comme un long sprint qu'autre chose. 12 grilles formaient la matrice du titre, soit un tableau de 4x3 grilles de type "Noir ou Blanc" - comprenez que chacune des cases, et ceci pour toutes les grilles, devait prendre l'une de ces deux valeurs - et étaient reliées entre elles par la propriété suivante : deux cases adjacentes appartenant à deux grilles distinctes sont de même valeur (n'hésitez pas à jeter un coup d'oeil à l'exemple présenté dans le livret d'instructions pour visualiser la chose plus facilement). Chaque grille individuelle était de taille standard, soit 10x10, et nous avions affaire aussi bien à des classiques du genre comme les fameux Paint it Black ou Battleships qu'à des jeux moins communs tels le Lakes (proche du Nurikabe mais à plus faibles contraintes) ou le Pata, variante un peu perturbante du fameux jeu turc. Moins de 19 minutes après le début de l'épreuve, Palmer Mebane rendait sa feuille ; le temps passant, il fut imité de plusieurs dizaines d'autres personnes (à de rares exceptions près, tout le monde dans le top 60 en finit dans les temps), moi compris mais avec une marge plutôt faible de 9 minutes, ayant entre autres beaucoup trop tardé à m'occuper de la partie inférieure droite de la grille. Pas d'erreur, mais performance plutôt faible compte tenu de la facilité de l'épreuve : 690.

Épreuve 9 : Assorted Puzzles (90')
Gros morceau que je n'accueillis pas volontiers compte tenu de mon état de forme toujours approximatif. L'épreuve était pourtant fort joliment composée : 10 types de grilles se disputaient nos honneurs, chacune comportant 3 grilles avec, dans chacun des cas, une grille ne comportant que des 2 pour indices, une se limitant à des 3 et la dernière à des 4, sans aucune exception à cette règle. La chose n'a peut-être l'air de rien vu de l'extérieur, mais cela révélait un travail impressionnant de la part des auteurs hongrois.
Quelques erreurs me coûtèrent juste assez cher pour que mon résultat s'avère là encore décevant : 395 sur 900 là où j'aurais probablement dû viser les environs des 500 - toutefois personne n'en termina : maximum de 825 pour Ulrich Voigt.

Épreuve 10 : Sprint (30')
Originale et redoutée, cette dixième épreuve était dédiée à un seul jeu ; les hongrois nous avaient déjà fait l'honneur d'une épreuve similaire en 2011, en proposant un round composé uniquement de grilles d'un nouveau type (Divide and conquer), ce qui s'était avéré surprenant mais dans l'ensemble agréable. Cette année, le jeu était connu : il s'agissait de grilles de type Dissection. Un principe enfantin : une grille de forme quelconque vous est donnée, à laquelle correspond un nombre. À vous de diviser la forme en question en autant de pièces isométriques (réflexions interdites dans le cas présent) que le nombre donné. Exemple :
Les choses auraient pu en rester là, cette règle permettant déjà la confection de puzzles redoutables. Les organisateurs avaient toutefois trouvé intéressant d'éliminer, pour l'occasion, la contrainte employée d'ordinaire et exigeant qu'une pièce se compose de cases reliées orthogonalement. En substance, il devenait possible de proposer des énoncés tels que celui-ci :
22 grilles, 30 minutes. Je n'avais là encore pas eu le temps de préparer l'épreuve et supputais que j'allais passer un dur moment. Je m'en tirai néanmoins avec 10 grilles - 100 points, profitant du fait que quelques-unes des grilles étaient d'une grande simplicité, ce qui me plaçait dans les mêmes eaux que mes adversaires directs. 360 pour Palmer, qui avait lui pris soin de s'entraîner en compagnie du reste de l'équipe américaine. Épreuve intéressante et que je regrette de n'avoir pas eu le temps d'étudier avant les championnats.

Épreuve 11 : Visual Puzzles (30')
2011 avait été l'année d'un Screen Test des plus marquants ; pour les non-initié(e)s, un Screen Test consiste généralement en une série de grilles faisant davantage appel à nos qualités visuelles et mémorielles que déductives, lesquelles grilles sont projetées sur écran afin de nous obliger à les résoudre mentalement. Cette année-là, les organisateurs s'étaient offert un petit plaisir en interprétant de la façon la plus biaisée possible les règles de chaque jeu - ainsi une basique épreuve demandant de compter des disques noirs avait traumatisé l'assistance : les disques en question étaient eux-mêmes agencés en un cercle... lequel était animé d'un mouvement de rotation. Allez compter combien de disques composent un cercle lorsque celui-ci tourne sur lui-même...
Pour 2013 toutefois, il s'avéra que l'équipe hongroise avait fait preuve d'un peu plus de retenue. Les 12 jeux proposés relevaient là encore d'une catégorie différente de ce à quoi nous sommes habitué(e)s, plus proches dans l'esprit des jeux de réflexion que l'on trouve dans certaines revues grand public, mais ils étaient cette fois couchés sur papier et nous pouvions à tout le moins user de nos précieux crayons, bien que cela fût rarement nécessaire. Nous eûmes entre autres un (gentil) exercice de comptage (N formes identiques sont enchevêtrées ; déterminez N), n'échappâmes pas au fameux problème d'engrenages ni à la reconstitution de cubes à partir de leurs moitiés. Les problèmes que je résolus ne me semblèrent pas d'une grande difficulté, mais il n'en reste pas moins que je ne pus faire mieux que 220/300, toutefois un assez bon score compte tenu de ma position. Robert Vollmert, auteur d'un excellent tournoi (il n'était qu'en équipe B d'Allemagne), finit avec une marge de plus de 7 minutes. Là encore une épreuve plaisante et qui ne me convint pas mal mais sur laquelle j'aurais probablement pu mieux faire.

Épreuve 12 : The Zodiac (45')
Le souci de bien faire n'est pas la moindre qualité des auteurs hongrois. Pour cette ultime épreuve individuelle, 12 grilles avaient été conçues en s'inspirant des 12 animaux du zodiaque chinois. Chacune reprenait, de plus ou moins près, la forme de l'animal lui étant associé. Aucune ne m'était réellement familière mais je pensais pouvoir m'en tirer avec 200 à 250 points. Il est notable qu'au-delà de leur aspect, les six grilles dont je vins à bout faisaient un bel usage de leur forme, laquelle orientait et servait véritablement la résolution. Je stoppai à 205 points, sans avoir regardé le Dog Criss-Cross qui serait pourtant tombé comme feuille en automne ; mais la fatigue était là et je savais que les deux épreuves par équipes qui nous attendaient ensuite allaient être particulièrement intenses.

Épreuve 13 : Samurai (60')
Vint le Weakest Link. Presque une tradition, il s'agit d'une épreuve par équipes consistant à faire résoudre aux joueurs/ses une ou plusieurs grilles de façon individuelle avant de les autoriser à rejoindre la table d'équipe où les attend le véritable problème, dont la résolution va être rendue possible par les indices que chacun(e) apportera avec lui/elle (il s'agit généralement de reporter des indices des grilles individuelles vers le problème central). Partie du problème réside dans le fait que les membres d'une même équipe n'atteignent en général pas leur table au même moment ; or, et là est bien ce qui fait le charme de l'épreuve, si l'équipe n'est pas au complet, le dernier problème demeure en général insoluble faute de disposer de tous les indices.

Phase 1 : Individuelle
5 grilles par personne ; pour gagner le droit d'accéder à la table d'équipe, 4 au moins devaient être correctes. L'idée était donc d'en boucler 4 et de ne s'occuper de la 5e qu'une fois à la table commune, aidé de ses coéquipier(e)s. Petite particularité cette année : les quatre lots de grilles individuelles n'étaient pas identiques mais comprenaient un lot "facile", un "moins facile", un "difficile" et un "plus difficile" (je reconnais ne pas pouvoir quantifier plus précisément leur difficulté). Nous eûmes donc à nous répartir les lots stratégiquement, dans le but évidemment que chacun(e) des quatre membres de l'équipe puisse atteindre la table commune ; ce que nous fîmes simplement, en nous basant sur notre classement provisoire. Placé 2e français à ce moment, j'héritai donc du lot "difficile". Je montai à l'étage du château, qui accueillait les rangées de tables destinées aux résolutions individuelles, et me mis à l'oeuvre au coup de gong.

Top départ à l'étage...

Les cinq types de grilles étaient : Tapa, Star Battle, Trinaire, No Four in a Row et Tria 4. Le Tapa me convenait bien, le Star Battle et le No Four moins mais je savais pouvoir en venir à bout en insistant, et les deux derniers jeux tenaient suffisamment du carré latin pour ne pas m'effrayer. Malgré une résolution propre du Tapa et du Star Battle, je me débrouillai pour faire des erreurs sur le Trinaire en occultant une partie de ses règles ; je pus tout de même le finir, complétai ma série par le No Four et courus à la table d'arbitrage faire valider mon lot. Pas d'erreur dans les grilles rendues, je dévalai l'escalier et arrivai à la table commune en première position, suivi peu de temps après par Olivier (lot "plus difficile").

... suite des événements au rez-de-chaussée

Phase 2 : Commune
5 nouvelles grilles nous attendaient à la table d'équipe. Chacune constituait le coeur d'un samurai (cf. Samurai sudoku pour visualiser plus facilement), les quatre grilles individuelles du même type venant s'imbriquer dans les quatre coins afin de pouvoir reporter des indices vers la grille centrale. Nous avions, naturellement, à déterminer à quel coin correspondait chaque grille. Ayant déjà commencé à plancher sur la disposition des grilles à l'arrivée d'Olivier, je poursuivis dans cette voie tandis qu'il complétait le Tria 4 que j'avais laissé de côté. Jean-Christophe (lot "facile") arriva sur ces entrefaites et s'empara de la 5e grille d'Olivier, puis Frédérique ("moins facile") nous rejoint - l'équipe était au complet. Une fois les dernières grilles individuelles expédiées, Olivier et moi nous concentrâmes sur les deux grilles à chiffres (Trinaire et Tria 4), qui tombèrent l'une après l'autre. Le No Four les rejoignit de la même façon pendant que Frédérique et Jean-Christophe venaient à bout du Tapa et attaquaient le Star Battle, qui nous échappa malheureusement. 1840/2000, 2570 pour l'Allemagne. Eûmes pu mieux faire, mais des équipes situées derrière nous au classement final, une seule obtint plus de points que nous sur cette épreuve.

Épreuve 14 : Year of Snake (60')
Une heure ! Une heure nous séparait de la fin de ces championnats, exception faite bien entendu des postulants aux playoffs - sur lesquels je n'avais pas la moindre visée. Une heure et c'en serait donc fini.
Monumentale nous l'attendions, monumentale elle fut. Imaginez une première grille, support de l'épreuve, d'à peu près 4500 cases. En son sein, 4 grilles fixes promettant déjà quelques belles minutes de travail : Easy as 12345 7x7, Fillomino 16x11, Skyscrapers 7x7, Magic Snail 1-4 8x8. En plus de celles-ci, 20 grilles amovibles 7x7 de cinq types, numérotées de 1 à 20 ; 20 emplacements étaient dessinés sur la grille support, mais il nous revenait d'associer chaque grille au bon emplacement. Comment ? Simple : une fois les 20 grilles placées, il devait être possible de faire passer un serpent (obéissant aux règles traditionnelles du Snake) reliant la n°1 à la n°20 en passant par les 18 autres grilles. La tâche nous était facilitée par les 4 grilles fixes, qui fournissaient des indices servant au placement des grilles amovibles. Enfin, nous avions à dessiner un second serpent (Triangle Snake) encadrant le tout, à partir d'indices entourant la grille support.
La résolution se fit en plusieurs étapes ; dans le détail :
1) Grilles fixes. Chacun(e) s'attela à une grille - nous nous les étions attribuées avant le début de l'épreuve - et ne releva les yeux de la feuille qu'une fois celle-ci complétée. J'héritai du Skyscrapers, l'une de mes spécialités, qui bien que de bonnes dimensions ne me posa pas de vrai problème.
2) Triangle Snake. Frédérique se sentant en confiance sur le Snake, on le lui laissa (volontiers, il faut bien le dire) et elle put y consacrer l'essentiel de ses efforts.
3) Plan. Afin de déterminer plus facilement le trajet du serpent "intérieur", nous décidâmes de schématiser la grille sur une feuille blanche. Je me dévouai à cette tâche.
4) Grilles amovibles. Jean-Christophe et Olivier avançaient pendant ce temps sur les 20 grilles amovibles. Je les rejoignis quand j'en eus fini avec le plan et le gros du travail commença : résolution, agencement, tracé du serpent sur le plan, résolution, agencement...
Frédérique vint victorieusement à bout du serpent polygonal, nous éliminâmes les derniers accrocs qui tentaient de se mettre en travers du passage de notre propre serpent et, après un peu moins de 55 minutes de travail acharné, retentit le "Finished" qui marquait la fin de notre aventure en Chine.
Aucune erreur ou case vide ne vint gâcher notre résultat et même si le Japon, du haut de ses 2840 points, pouvait légitimement se sentir pousser des ailes, nous savions que nous n'avions pas jeté nos forces à moitié dans la bataille. Au-delà des 2150 points, nous avions surtout engrangé 55 minutes de plaisir intellectuel brut.

 L'équipe finno-danoise à la chasse au serpent géant

Alors, fin de l'histoire ? Avec 16789 points - que diable, ôtez ce 6 ! - l'équipe France A terminait 11e des championnats. À quatre places de sa performance de 2012, et pourtant... nous n'étions pas déçu(e)s. Avions-nous mal joué ? Non. Mal collaboré lors des épreuves par équipes ? Pas davantage. Quelques erreurs bien sûr, mais rien qui aurait fait une différence au classement. Les autres équipes avaient simplement été meilleures, comme cela arrive.

La journée du lendemain allait consacrer le 22e champion du monde de jeux de logique ; bien que j'aie suivi d'assez loin les phases finales de ce second championnat, j'en dirai quelques mots dans la dernière partie de mon compte-rendu, qui sera également l'occasion d'un récapitulatif et d'une ou deux autres choses...

À suivre !

Nota : les images employées pour illustrer l'article ne m'appartiennent pas ; il va de soi que je les retirerai sur simple demande de leur auteur.



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@ 2013-11-19 10:56 AM (#13530 - in reply to #12286) (#13530) Top

EnigmAttic



EnigmAttic posted @ 2013-11-19 10:56 AM

Link to original post : 22e Championnats du Monde de Jeux de Logique - Partie 3




 Vendredi 18 octobre ; septième jour en Chine. Quatre journées de compétition étaient derrière moi et, sans surprise, je n'allais pas disputer - loin s'en fallait - les phases finales du WPC. J'avais atterri en 41e position avec 2914 points, à des lieues des 4240 points de William Blatt, 10e et dernier qualifié. Une place de mieux que l'an dernier avec pourtant moins d'entraînement et en jouant dans un état des plus moyens ; cela me satisfaisait, au même titre que la place de 2e français. Pas fâché de pouvoir assister à une finale en spectateur, je profitai donc de la fin des événements aussi détendu que possible.





Vendredi 18 octobre - troisième jour de compétition WPC
Palmer Mebane (6060), Ulrich Voigt (5169), Hideaki Jo (5127), Thomas Snyder (5107), Bram de Laat (4893), Qiu Yanzhe (4553), Peter Hudák (4506), Kota Morinishi (4301), Sebastian Matschke (4251) et William Blatt (4240), tels étaient ceux qui allaient s'opposer lors de phases finales conçues sur le même principe que celles du WSC, hormis des différences minimes : 10 grilles au lieu de 9, et des rangées se rétrécissant au niveau de la 5e et de la 8e grille plutôt que de la 4e et de la 7e.

Playoffs
Je le disais dans mon précédent message, je n'ai pas suivi avec une grande précision le déroulement de cette demi-finale ; les points cruciaux, au nombre de deux, furent :
- Palmer rendant la 10e grille le premier et avec une avance raisonnable, après avoir fait la course en tête fort de près de cinq minutes d'avance engrangées durant les épreuves.
- Thomas se voyant retoqué aux portes de ce qui aurait été une finale américano-américaine, après avoir rendu fausse son ultime grille. Ulrich se faufila dans l'interstice avant que Thomas ait pu corriger son erreur, et pour la troisième année consécutive c'est un duel Allemagne/États-Unis qui décida de l'attribution du titre.

Finale
Là encore, conformément à ce qui avait eu lieu en sudoku, tout allait se jouer en trois manches gagnantes après que les finalistes aient fait leur choix parmi une liste de dix jeux.
La première grille, choisie par Palmer, fut un Tapa, ce qui ne surprit probablement pas la moindre personne dans l'assistance. La surprise vint après, quand nous vîmes Palmer enchaîner les erreurs, passant d'une couleur de feutre à l'autre, puis changeant de notation afin de faire une troisième tentative... avant de se résoudre à demander un autre exemplaire de la grille (chaque participant ayant droit à une feuille de secours, une fois par jeu). Ulrich de son côté ne semblait toutefois pas plus sûr de lui et en vint finalement à demander à son tour une feuille de rechange. Pendant ce temps, Palmer continuait de multiplier les erreurs au risque de ne plus pouvoir écrire quoi que ce soit sur une feuille déjà devenue difficilement lisible. En fin de compte, et sans que grand monde, je pense, n'ait réussi à suivre, il se débrouilla pour rendre à un arbitre visiblement décontenancé une solution comportant des points de deux couleurs, des cases noires, d'autres bleues, et des lignes noires censées correspondre à sa réponse définitive. Son patchwork ayant été validé, Palmer marqua le premier point : 1-0.
Que de l'attendu également avec la deuxième grille, un Kakuro classique. Un duel prometteur, Palmer n'étant pas particulièrement faible en la matière comme il nous l'avait démontré l'an dernier en se payant le luxe d'éliminer nul autre que Hideaki sur une telle grille. Les deux avançaient à vitesse raisonnable avec une petite avance pour Ulrich, qui rendit le premier ; il s'avéra de toute façon que Palmer avait commis une petite erreur et le point alla sans discussion à Ulrich : 1-1.
Un Digital Numbers suivait, à la règle toutefois légèrement différente de ce que nous avions pu voir durant les épreuves : il n'était plus question de somme mais chacun des chiffres de 1 à 9 devait être employé exactement une fois. Tous deux avaient manifestement bien préparé le problème et Palmer démarra la grille sur le même rythme que le Tapa, exploitant d'entrée de jeu un indice 0 qu'il avait manifestement déduit par comptage... malheureusement la similitude avec le Tapa ne s'arrêta pas là et une première contradiction apparût. Ni une ni deux, Palmer demanda une seconde feuille, se relança à l'assaut à partir du même indice (entre temps devenu un 3, comme il l'explique dans son propre compte-rendu), mena la résolution et rendit la grille... porteuse de deux 4. Ulrich avait dans l'intervalle mené son bonhomme de chemin de façon plus prudente, et rendit sa feuille avant que Palmer ait pu tenter de retravailler la sienne. 1-2.
Quatrième grille, sur choix d'Ulrich, un Pentomino. Connaissant son affection pour ce type de jeux, les choses semblaient prendre une excellente tournure pour le méga-médaillé. Une fois de plus il partit sur un rythme peu impressionnant d'abord, mais affichant une maîtrise évidente. En face, Palmer peinait visiblement à trouver l'ouverture ; il fit une tentative désespérée qu'il tenta de mener à terme mais Ulrich avait posé son dernier pentomino avant même que ce premier réalise s'être fourvoyé.

Pour la troisième année consécutive, le podium se constituait de Ulrich, Palmer et Thomas. L'excellent résultat de William Blatt et la bonne performance de Jonathan Rivet permirent à l'équipe américaine de s'emparer du titre par équipes, devant l'Allemagne et le Japon ; podium des plus conventionnels. Et Ulrich remportait donc, paisiblement comme à son accoutumée, un neuvième titre mondial...

3... 2... 1.

Résultats individuels :

1. Ulrich Voigt (Allemagne)
2. Palmer Mebane (États-Unis)
3. Thomas Snyder (États-Unis)
4. Bram de Laat (Pays-Bas)
5. Hideaki Jo (Japon)
6. Qiu Yanzhe (Chine)
7. William Blatt (États-Unis)
8. Kota Morinishi (Japon)
9. Sebastian Matschke (Allemagne)
10. Peter Hudák (Slovaquie)

Résultats complets 

Résultats par équipes :

1. États-Unis
2. Allemagne
3. Japon
4. Slovaquie
5. Pologne
6. Royaume-Uni
7. Turquie
8. République Tchèque
9. Canada

Bilan de l'équipe de France, dans le détail :

Olivier Rubio - 30
Bastien Vial-Jaime - 41
Frédérique Rogeaux - 48
Jean-Christophe Novelli - 65

La fin de la journée s'avéra d'autant plus plaisante que ma voix avait timidement commencé à revenir ; j'en profitai pour tenter de rattraper le retard pris au cours des jours précédents, et la soirée se passa entre variantes du Rubik's cube à la table franco-italienne, discussions avec l'équipe japonaise sur des sujets s'étalant de l'organisation de compétitions à la popularité respective du judo dans nos deux pays, et dissection d'un carré latin en compagnie des américains. Cette année encore, malgré le plaisir pris lors des épreuves et l'excitation procurée par les phases finales, ce fut probablement le moment le plus agréable de ces championnats. Le retour au bercail, le lendemain, fut l'occasion d'une nouvelle halte en région parisienne avant que de retrouver le calme alpin...

Et après ?
10 mois à patienter avant les prochains championnats. Un long moment lorsqu'on les attend avec la même impatience que moi ; mais un délai bien juste pour accomplir dans l'intervalle tout ce que l'on souhaite. Ma 1ère place française en sudoku et ma 2e place en jeux de logique vont se traduire par le fait d'avoir à organiser les prochaines sélections françaises pour les deux disciplines, aux côtés de Sylvain et Olivier. Aussi passionnant cela soit-il, et je suis en particulier ravi d'avoir l'occasion de préparer les qualifications de jeux de logique pour la première fois, une question se fait jour, comme chaque année : réaliser des épreuves qualificatives, oui, mais pour qui ? La participation, faible en sudoku, a tendance à atteindre au ridicule en jeux de logique, malgré un rebond l'an dernier suite à la tenue de présélections dans plusieurs villes. Pourquoi, et qu'y faire ?
Le sudoku, il y a maintenant plus de 7 ans, avait renouvelé l'exploit du Rubik's cube en touchant des millions de personnes à travers le monde, déclenchant une vague de popularité absolument exceptionnelle. Qu'en est-il aujourd'hui ? Sans surprise, l'enthousiasme initial est en partie retombé. Nombreuses sont pourtant les personnes qui continuent de pratiquer le jeu au quotidien, mais dans leur grande majorité elles n'imaginent pas un instant la richesse qui peut se cacher sous la grille de leur journal du matin, copie conforme de celle de la veille. Les sélections françaises pour les championnats du monde ne touchent qu'un public des plus restreints là où existe manifestement un vivier conséquent - ce n'est pas la Chine qui me contredira, laquelle a mené des actions d'envergure au sein des écoles, collèges et lycées afin de faire naître la passion du jeu au sein de sa jeune génération ; le tout s'étant traduit par rien moins qu'une double victoire nationale lors de ces championnats.
Quelle est la situation en France ? Un premier constat : l'offre éditoriale d'il y a 7 ans n'a pour ainsi dire pas évolué. 95% des revues spécialisées se contentent de proposer des grilles classiques générées à la chaîne par des programmes bêtes et disciplinés, à l'intérêt limité et menant fatalement à ce que se développe une lassitude bien compréhensible chez les amateurs/trices. Les journaux d'actualité, nombreux à proposer une grille quotidienne ou hebdomadaire, ne font pas mieux. Le potentiel à long terme du sudoku ne réside pas là, mais bien dans des grilles créées à la main (y compris les sudokus classiques) et, surtout, dans un renouvellement du jeu. Ce renouveau, ce sont les variantes qui en sont le moteur et les passionné(e)s ne s'y trompent pas ; il est bien difficile de revenir en arrière après s'y être plongé. Ce sont également les autres jeux de logique, indénombrables et comptant une foule de jeux de qualité tels le Kakuro, le Masyu, le Tapa ou le Star Battle - et leurs variantes - pour n'en citer que quelques-uns parmi les meilleurs, lesquels ne sont pas des sous-sudoku mais constituent bien une discipline à part, riche de potentiel et de plaisir intellectuel.
Alors pourquoi cette frilosité des éditeurs ? Je suppose qu'il est plus facile de se reposer sur ses acquis que de prendre le risque - bien faible, me semble-t-il - de s'ouvrir un tant soit peu à la nouveauté et à la qualité. Le sudoku se retrouve ainsi cantonné à un rôle de "bouche-trou intellectuel" tout juste bon à occuper un trajet de métro. Je ne pense pourtant pas que la situation soit irréversible. Un phénomène comparable affecte les mots croisés, dont on trouve quantité de grilles construite à la hache, comportant pour ainsi dire autant de cases noires que blanches et employant à tour de bras des définitions de l'ordre de "vient entre un et trois, en 4 lettres". Mais tous ne cèdent pas à la facilité, et certaines revues ont fait le choix de s'orienter vers des auteurs ayant à coeur de s'investir dans le processus créatif afin que ce qui en ressorte tienne plus de l'oeuvre que du produit. Sans doute n'est-il pas aussi aisé de concevoir en quoi une grille de jeu de logique peut posséder une personnalité propre au même titre qu'une grille de mots croisés. C'est pourtant le cas ; j'essaie d'en offrir la démonstration chaque mercredi, et d'autres que moi font de même, dans l'espoir de toucher enfin les personnes entre les mains desquelles repose la possibilité de diffuser auprès d'un plus large public cette myriade de jeux, qui offrent autant de façons d'exercer la curiosité intellectuelle présente en chacune et chacun de nous.
Dans l'attente de ce jour heureux, je vous donne rendez-vous ici-même pour la traditionnelle grille hebdomadaire  et espère pouvoir vous communiquer rapidement de premières informations concernant les présélections pour les championnats du monde 2014. Merci aux personnes ayant fait l'effort de lire jusqu'au bout mes digressions ; bon jeu à vous et à bientôt.

Nota : les images employées pour illustrer l'article ne m'appartiennent pas ; il va de soi que je les retirerai sur simple demande de leur auteur.



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